Or, un « visionnaire » pourra difficilement atteindre le plein potentiel de son organisation sans la présence d’un « intégrateur ». Il s’agit en effet de deux profils complémentaires qui contribuent à la bonne santé organisationnelle. Si l’un de ces profils est absent, cela peut engendrer de gros déséquilibres au sein des équipes de travail.
Les profils du Visionnaire et de l’Intégrateur sont expliqués dans le livre de Mark C. Winters et Gino Wickman : « Rocket Fuel: The One Essential Combination That Will Get You More of What You Want from Your Business » (2015).
Selon les auteurs, le visionnaire est quelqu’un de passionné et d’entreprenant. Il s’agit souvent du fondateur de l’organisation.
C’est généralement quelqu’un de créatif, d’innovant, qui a la capacité de trouver de nouvelles façons de faire, et qui génère beaucoup (trop!) d’idées. Certaines permettent à l’organisation d’aller plus loin, mais on va se le dire, elles ne sont pas toutes bonnes!
Le visionnaire est très à l’aise dans la stratégie, le « big picture », car il voit l’image dans son ensemble. Il est en mesure de « voir venir » en ayant des antennes connectées sur l’externe, sur le marché.
Il est toujours à la recherche de nouvelles idées, d’opportunités pour faire avancer son organisation, ou d’en assurer la pérennité. Pour cette raison, il est souvent considéré comme quelqu’un d’inspirant. Les gens ont envie d’embarquer et de partir à l’aventure avec lui!
Il est très à l’aise dans l’ambiguïté et l’incertitude. Il est en mesure de naviguer dans le brouillard. Il explore plutôt qu’il analyse.
Sa force réside dans les relations externes. Il excelle dans les conclusions de grosses transactions ou de grosses négociations.
C’est également une personne qui est douée pour trouver des solutions aux gros problèmes, mais n’a pas beaucoup d’intérêt pour les petits problèmes du quotidien. Plus les choses deviennent détaillées, moins elles le stimulent.
En effet, selon les auteurs, le visionnaire a de la difficulté à rester concentré et s’ennuie facilement. Il peut créer le « chaos » (inconscient généralement) seulement pour pimenter les choses.
Du fait de ses nombreuses idées, il peut démarrer plusieurs projets à la fois, mais peu sont menés à terme. Son équipe de travail n’arrive pas à le suivre dans ses nombreux changements d’orientation et y voit un manque de cohérence.
Le visionnaire fait parfois également face à des défis au niveau de la communication. Il peut passer d’un sujet à l’autre sans transition. Ayant une capacité d’attention limitée, il peut avoir du mal à rester concentré sur un même sujet très longtemps lors d’une conversation. Son interlocuteur doit alors faire valoir son point très rapidement. Les membres de son équipe peuvent donc parfois avoir le sentiment de ne pas être écoutés.
Le visionnaire n’est souvent pas doué pour gérer des employés directement. Les problèmes du quotidien l’ennuient et n’étant pas lui-même très organisé, il a de la difficulté à faire des suivis.
Les processus et les procédures lui donnent de l’urticaire. Alors, il engendre souvent des équipes dysfonctionnelles, inefficaces.
N’aimant pas les détails et les conversations qui s’étirent, il peut parfois être impatient dans les rencontres et les réunions, les personnes ont donc tendance à ne pas le contester. Il peut avoir un ton irrité envers les personnes qui ne répondent pas à ses attentes.
Pour lui, sa vision est limpide, mais il a de grandes difficultés à la communiquer clairement. Le problème, c’est qu’il sait où il s’en va, mais n’a aucune idée de comment s’y rendre. Son cerveau produit des idées inspirantes, pas des plans 3 ans en 56 étapes!
Pour savoir si vous êtes un visionnaire, faites le test!
Le visionnaire se trouve alors dans une situation parfois difficile, ayant l’impression d’avoir perdu le contrôle et que personne ne semble le comprendre. L’organisation stagne, les finances sont difficiles et on dirait que rien ne fonctionne.
C’est ici que l’intégrateur entre en jeu, car « Une vision sans exécution n’est qu’une hallucination ». – Thomas Edison
Selon les auteurs, l’intégrateur est le ciment qui unit les personnes, les processus, les systèmes. Contrairement au visionnaire, il aime planifier! Il est souvent le seul à comprendre ce qui se passe dans la tête du visionnaire et arrive à le traduire en un plan clair et compréhensible pour les équipes.
Il aime mettre de la structure et des processus afin de rendre le travail plus efficace. Il gère les problèmes du quotidien et supprime les obstacles pour que les employés puissent exécuter leurs tâches. Il s’assure que l’information circule entre les équipes et que les gens communiquent. Il assure d’excellents suivis et responsabilise les gens.
L’intégrateur filtre aussi les idées du visionnaire pour ne conserver que celles qui sont réalisables et alignées à la stratégie de l’organisation. Le résultat : les employés sont plus concentrés (car moins dérangés par le visionnaire), la charge de travail est saine et les équipes sont productives!
Comme pour le visionnaire, les auteurs entrevoient aussi chez l’intégrateur un certain lot de défis. Il est souvent considéré comme quelqu’un de pessimiste. Il doit souvent dire non, prendre les décisions difficiles et doit transmettre les mauvaises nouvelles.
L’intégrateur est souvent accusé par le visionnaire de ne pas aller assez vite, il doit par conséquent constamment lutter pour faire avancer les nouvelles initiatives du visionnaire en fonction des ressources limitées disponibles dans l’organisation.
Pour savoir si vous êtes un intégrateur, faites le test!
Il est important de noter que personne n’est à 100% visionnaire ou intégrateur, mais il s’agit plutôt d’une tendance à agir ou à se retrouver dans l’un des deux profils.
Vous l’avez compris, le visionnaire et l’intégrateur sont totalement différents et parfaitement complémentaires. Les forces de l’un viennent contrecarrer les faiblesses de l’autre. Pour qu’une organisation atteigne son plein potentiel, les deux profils seront présents.
Pour que le modèle fonctionne, les deux personnes doivent se trouver dans un rôle de leadership, idéalement d’égal à égal. Par contre, leader ne veut pas dire automatiquement « gestion d’employés ». Le gestionnaire, c’est plutôt l’intégrateur et si possible, les employés se rapporteront à lui.
Les rôles doivent être très clairement définis et communiqués pour que l’équipe sache qui consulter pour quels sujets.
Les principales responsabilités du visionnaire devraient être :
Les principales responsabilités de l’intégrateur sont :
Même si les deux ne peuvent être plus différents en termes de compétences, le visionnaire et l’intégrateur doivent par contre partager des valeurs et une vision communes. Il est essentiel qu’ils soient sur la même page, qu’ils communiquent bien et que le respect soit sans cesse présent dans leurs échanges. Et surtout, qu’ils aient du plaisir à travailler ensemble !
Vous vous sentez concernés par cet article ? N’hésitez pas à nous contacter, il nous fera plaisir de discuter de ce modèle de gestion avec vous !
Source :
Mark C. Winters et Gino Wickman : « Rocket Fuel: The One Essential Combination That Will Get You More of What You Want from Your Business » (2015).