En tant que gestionnaire de ressources intermédiaires, vous jonglez déjà avec une réalité complexe : des ressources limitées, un taux d’occupation en dents de scie, des obligations légales de plus en plus exigeantes… et une équipe précieuse qu’il faut absolument conserver. Pourtant, sans toujours le réaliser, plusieurs RI tolèrent un roulement de personnel élevé, comme s’il s’agissait d’un mal nécessaire du secteur.
Et si on vous disait que ce « mal nécessaire » est en fait un symptôme préoccupant, un peu comme une fièvre persistante qui cache peut-être un enjeu plus profond dans votre organisation ? Et qu’en plus, il vous coûte beaucoup plus cher que vous ne l’imaginez.
Le roulement de personnel n’a rien de nouveau. Mais dans un contexte où la pénurie de main-d’œuvre frappe fort, surtout dans les milieux de soins,, chaque départ est plus long à combler, plus coûteux à gérer, et plus dommageable pour la qualité des services offerts.
Selon l’Ordre des CRHA, plus d’un travailleur sur deux dans le réseau souhaite changer d’emploi. Ce n’est pas juste une tendance, c’est une alarme. Dans les RI, les pertes ne sont pas que financières. Elles sont aussi humaines : impact pour les usagers, surcharge des collègues, perte de cohésion d’équipe, dégradation du climat de travail.
Et pourtant, dans plusieurs organisations, on ne mesure même pas le taux de roulement. Ou pire, on le banalise.
Commencez par calculer votre taux de roulement global. Si vous ne le faites pas encore, voici une formule simple :
Exemple : Si vous avez eu 4 départs dans la dernière année et que vous aviez 18 employé.es au début de l’année et 22 à la fin de l’année, votre taux de roulement est de (4 ÷ ((18+22)/2)) × 100 = 20 %.
Mais ne vous arrêtez pas là.
Il est aussi pertinent de ventiler votre taux de roulement selon certains sous-groupes. Pourquoi? Parce que les causes (et donc les solutions) ne sont pas nécessairement les mêmes :
Faire ces analyses vous permettra d’adopter des stratégies ciblées plutôt que des actions générales qui risquent d’avoir peu d’impact. Par exemple, si vous constatez un roulement élevé chez les nouvelles recrues, mieux vaut revoir votre processus de sélection et renforcer votre processus d’accueil. Si, au contraire, ce sont des employé.es en poste depuis plusieurs années qui partent, il faudra peut-être s’attarder à leur plan de développement, à la reconnaissance ou leur équilibre travail-vie personnelle.
Un bon diagnostic, c’est 50 % de la solution!
Recruter, former et intégrer une nouvelle personne coûte cher. Mais le coût réel dépasse largement le prix d’une annonce d’emploi ou des heures de formation.
Voici quelques éléments souvent oubliés :
Selon différentes sources, le coût moyen d’un départ peut représenter environ 30 % à 50 % du salaire annuel pour des postes peu spécialisés (source : Ordre des CRHA) et jusqu’à 200 % du salaire annuel pour des postes clés, selon le Center for American Progress et Harvard Business Review.
Faites le calcul : le coût associé au départ d’une préposée gagnant 45 000 $ par année peut donc représenter une perte de 15 000 $ à 50 000 $ pour l’organisation. Et si cela se produit plusieurs fois par année…
Pas nécessairement. Un certain niveau de roulement est normal, il permet même parfois un renouvellement salutaire dans l’équipe. Mais au-delà de 15 à 20 % par année, il faut commencer à se poser de sérieuses questions.
Dans certains cas, on ne s’en rend pas compte ou on s’imagine qu’il est inévitable. Mais quand on l’accepte, on cesse d’agir pour le réduire plutôt que de l’utiliser comme un indicateur stratégique qui nous permet de s’améliorer.
Il n’y a pas de recette magique, mais voici quelques pistes concrètes à explorer :
Pour renforcer le lien, pour rester à l’affût des signaux et prévenir les départs.
Pour transformer les départs en leviers d’amélioration continue et mettre les chances de votre côté que l’employé.e reste avec une impression positive de l’organisation.
Pour embaucher les bonnes personnes et s’assurer de gérer les attentes dès le départ.
Bien que vos moyens soient limités, assurez-vous de miser sur les conditions de travail qui ont le plus de valeur aux yeux de vos employé.es
L’objectif n’est pas de viser un roulement de personnel nul, ce serait irréaliste… et même peu souhaitable! Mais ce qu’on peut viser, c’est de mieux le comprendre de façon à agir de manière stratégique pour le réduire.
En vous dotant d’outils simples pour analyser vos données, en écoutant vos employé·es avec attention, et en ajustant certaines pratiques clés, vous pouvez certainement réduire considérablement votre taux de roulement et investir ce temps dans des tâches des tâches à plus forte valeur ajoutée.